Cratères Théophile, Cyrille et Catherine- 5 vues par seconde- 01 mars 2001.

Pour patienter...

La turbulence est due aux mouvements de convection dans l'air qui n'a pas une température homogène et qui n'a donc pas un indice de réfraction constant.

La turbulence atmosphérique est l'ennemie des observateurs et des astrophotographes. Elle fait danser les images, elle les déforme et les étale.Elle rend l'image floue et moins lumineuse. En photographie, on peut "figer" l'image en adoptant un temps de pose très court, par exemple 1/1000 de seconde si le sujet est assez lumineux pour le permettre. L'image est alors plus piqûée, plus fine, mais elle reste déformée. Pour la photographie d'objets peu lumineux comme les nébuleuses ou les galaxies, le temps de pose doit être beaucoup plus long, par exemple 1 heure ( en fait c'est souvent la patience et la résistance de l'observateur qui impose une limite). Pendant cette durée, l'image s'est étalée sur le film et à temps de pose égal, on a moins de détails sur la photo que si la turbulence avait été moindre.

On ne peut se débarasser de la turbulence que si l'on observe en dehors de l'atmosphère. C'est le cas du Télescope Spatial Hubble. Piloté depuis la Terre, il évolue à 700 km au dessus de la surface terrestre. Gros comme un bus, il a un diamètre de 2,5 m et fait une révolution autour de la Terre en 1 h 30 min avec une vitesse d'environ 30 000km/h. Mis en orbite depuis 10 ans, il rivalise avec des télescopes au sol de 10 m de diamètre.

Le premier étage de la turbulence est l'observateur lui-même. Le corps est plus chaud que l'air abiant et engendre de la turbulence.

On limite le deuxième étage de la turbulence en évitant d'observer depuis une habitation chauffée, un sol goudronné, caillouteux bétonné ou à proximité. On sort le télescope ou on ouvre la coupole bien avant l'observation de façon à ce que le télescope ait le temps de se mettre en équilibre thermique avec l'air.

On ne peut rien faire contre le troisième étage de la turbulence du aux couches plus hautes de l'atmosphère et qui sont en permanence brassées par les vents.

Les lieux d'observation sont très inégaux face à la turbulence. A l'Observatoire du Pic du Midi, dans les Pyrénées françaises, la turbulence est presque nulle une bonne dizaine de nuits dans l'année. Le télescope de 1 m de diamètre, loin d'être le plus gros du monde, a permis d'obtenir les meilleurs clichés des planètes, de la Lune et du Soleil.

C'est d'ailleurs la NASA qui, dans les années soixante, a offert à la France ce télescope pour cartographier la Lune afin de sélectionner des sites d'atterrissage des missions Apollo. J'ai eu la chance de travailler à 3 reprises avec ce télescope et les photos présentées dans le sommaire ont été faites avec lui.